Durant plus de 20 ans, le Nord de l’Ouganda a été en proie à une guerre civile entre l’armée de Resistance du Seigneur et les forces gouvernementales. Plus de 25’000 enfants ont été kidnappés pour être utilisés comme soldats. Ils ont été forcés à commettre des atrocités et ont vécu des événements traumatiques qu’ils n’oublieront jamais. Certains ont dû tuer les membres de leur famille, d’autres ont été victimes de violences sexuelles. Dans un état de survie, ils ont parfois dû boire leur propre urine. Vivre de telles expériences à répétition laisse forcément des séquelles à nombre d’entre eux. De retour au village, ils souffrent du syndrome de stress post traumatique, qui peut notamment se manifester par des flashbacks, des insomnies et des troubles de la concentration.
La région a été pacifiée en 2006. Mais selon les études les plus optimistes, 25 % des anciens enfants soldats et 7% de la population générale souffrent encore de ce syndrome, qui, s’il n’est pas traité, ne part pas. Cela affecte leur capacité à gérer une activité génératrice de revenu, et la situation de désespoir dans laquelle ils se trouvent peut les pousser vers l’alcoolisme. Il est important de faire face à ce problème, pour leur bien-être, et pour la réconciliation dans la région. En effet, les personnes souffrant de stress post traumatique sont souvent irritables et peuvent être mal perçues par les autres membres de leur communauté. La santé mentale n’est malheureusement pas dans les priorités du gouvernement. L’Ouganda ne compte que 30 psychiatres pour 34 millions d’habitants.

A partir de 2014, Omoana collaborera avec VIVO, une organisation spécialisée dans le traitement des traumatismes psychologiques dans les pays en guerre. Elle est composée de spécialistes du monde entier et reconnue comme l’une des leaders dans ce domaine. Anett Pfeiffer, psychologue allemande, gère une équipe de thérapeutes ougandais, qui donnent aux populations des thérapies de 12 sessions qui ont prouvé leur efficacité à travers des recherches académiques.

Les fonds sont limités, et l’accès aux endroits les plus reculés est difficile. Les villageois n’ont pas les moyens de se déplacer jusqu’en ville deux fois par semaines pour suivre une thérapie. Omoana permet donc à ses bénéficiaires d’avoir accès aux services de cette organisation.

L’approche globale d’Omoana, cherchant à donner à ses bénéficiaires un soutien économique de qualité ainsi que de faire appel à des spécialistes reconnus de la santé mentale, peut être considérée comme programme de référence dans les régions post-conflit. De plus, Omoana travaille en réseau pour offrir le meilleur à ses bénéficiaires, maximiser les ressources et les connaissances. Mais pour prouver l’efficacité de telles collaborations, ainsi que la corrélation entre les problématiques sociales et économiques en région post-conflit, il est nécessaire qu’un investissement ait lieu au niveau académique. Omoana est ainsi favorable à accueillir des chercheurs dans ce but.

Adrien Genoud
Coordinateur