Grâce au fonds Partage des savoirs de la Fédération Genevoise de Coopération, trois collègues Irakiens ont pu se rendre en Ouganda où ils ont participé à des ateliers et ont visité les projets. Les échanges qui concernent notamment la manière de soutenir des enfants touchés par la violence se sont avérés précieux. Amjed Al-Rufaye nous fait un retour d’expérience.
J’ai toujours été fasciné par les projets soutenus par Omoana en Ouganda, mais pendant mon séjour là-bas, ils ont continué à surpasser mes attentes.
Je suis Amjed Al-Rufaye, originaire de Bagdad, en Irak. Par le passé, j’ai été engagé auprès de diverses ONGs en Irak et en Turquie. Je travaille actuellement en tant que conseiller technique pour Omoana et Aid Gate Organization en Irak.
Notre voyage en Ouganda a commencé à Gulu avec un atelier de quatre jours réunissant les équipes des ONGs actuellement soutenues par Omoana en Ouganda. Avec d’autres collègues, nous avons animé des exercices d’art visuel pour le soutien psychosocial dans le cadre de la création du manuel « Drawing Together ». L’atelier s’est poursuivi avec Adrien et d’autres coachs de théâtre qui ont présenté des exercices de théâtre (pour le manuel « Theatre Together »). Ce fut une expérience créative et interactive qui a rempli la salle de rires. A la fin, nous avons écouté les retours, discuté de l’importance de l’art, de la manière dont il peut bénéficier aux enfants et comment il peut être adapté aux projets et à la culture locale.
Dans les jours qui ont suivi, nous avons eu des réunions avec les ONGs partenaires d’Omoana. Nous avons eu une présentation des équipes derrière les projets, échangé des questions et appris des expériences de chacun. Après cela, ils nous ont emmenés sur le terrain et montré comment ils interagissaient avec les communautés locales.
Au cours de ces visites, j’ai acquis des informations précieuses sur l’histoire et les besoins de la communauté locale, et comment l’Ouganda et l’Irak ont traversé des circonstances similaires. Par exemple, j’ai adoré ce que fait vivo à Gulu pour aider les victimes à surmonter les traumatismes d’avoir été enlevées par l’Armée de Résistance du Seigneur pendant leur enfance et les horreurs qu’elles ont été forcées à voir ou à faire. Entendre ces expériences m’a rappelé l’époque de l’Etat Islamique à Mossoul et aux histoires que j’ai entendu des habitants. Cela m’a fait réfléchir à comment nous pouvons adapter ce que fait vivo pour aider les jeunes dans les centres de détention et la communauté. Il en est de même pour St. Moses et Hashtag Gulu et les projets de soutien psychosocial qu’ils réalisent au sein de la communauté, et comment nous pouvons mettre en œuvre des projets similaires en soutenant et en revitalisant les centres communautaires pour jeunes négligés en Irak. Omoana House et St. Francis et leur soutien aux personnes vivant avec le VIH m’ont ouvert les yeux sur un problème grave auquel l’Irak est confronté. Le manque de sensibilisation concernant le VIH et le nombre croissant de cas non divulgués au sein de la communauté en font une bombe à retardement potentielle.
Nous avons beaucoup appris sur les processus de diverses ONGs de développement, les défis auxquels elles étaient confrontées et comment elles les ont surmontés. Cela m’a fourni des informations sur Omoana, a mis en lumière l’importance de l’art et comment cela a aidé les bénéficiaires à s’exprimer lorsque les mots ne suffisaient pas. Cela m’a également ouvert les yeux sur de nouvelles idées et projets qui peuvent être adaptés en Irak. Ce fut une expérience très artistique remplie de danses traditionnelles et de performances théâtrales. En deux semaines en Ouganda, nous avons l’impression d’avoir gagné dix ans d’expérience ! Nous avons échangé des connaissances précieuses, nous nous sommes immergés dans une nouvelle culture et avons formé de solides amitiés, tout en échappant aux températures de 50°C à Bagdad.
Amjed Al-Rufaye
Conseiller Technique, Omoana