Voilà maintenant 10 ans que les premières lignes de l’aventure Omoana ont été écrites. Au départ axée sur le soutien du centre d’accueil provisoire St Moses, l’association n’a eu de cesse d’évoluer. Lorsque les connaissances et les fonds nécessaires ont été acquis, Omoana a étendu son champ d’action. Des projets dans les domaines de la santé, de la microfinance, de l’agriculture et de l’éducation ont vu le jour depuis.
Je crois que c’est un sentiment de commune humanité qui encourage les différents acteurs d’Omoana à s’engager pour davantage de justice. C’est la conviction que les peuples d’ailleurs, quelle que leur culture, ont les mêmes besoins, les mêmes aspirations et les mêmes sentiments que nous qui sommes nés sous des latitudes plus généreuses.

Car ce n’est que le hasard des naissances qui m’a donné la chance de voir le jour dans un pays en paix et de faire des études, d’avoir l’opportunité de donner régulièrement mon avis en tant que citoyenne et de savoir que demain, je pourrai certainement offrir ces mêmes espoirs à mes propres enfants. Seulement, savoir que d’autres n’ont pas reçu les mêmes cadeaux pour leur avenir terni quelque peu ce joli tableau et n’apaise en rien ma conscience d’enfants gâtée. La vie ne doit pas être prise à la légère, et la vie des autres encore moins. C’est certainement face à ce constat qu’il y a 10 ans, les fondateurs d’Omoana ont pris leur courage à deux mains et mis sur pied l’association.

Pourtant, malgré les succès rencontrés par Omoana, trop souvent encore, lorsque le thème de l’aide au développement est abordé avec des connaissances, je ressens chez mes interlocuteurs une certaine lassitude. Ils ont entendu parler de puits construits en Afrique et laissés à l’abandon, la corruption des gouvernements et autres organismes les rebute et enfin, les frais administratifs démesurés de certaines ONG ont considérablement atteint leur confiance. Au-delà de ces aspects, j’ai souvent le sentiment d’être considérée comme une idéaliste, naïve qui croit encore vainement en ces notions de justice et de solidarité. Pour répondre à cela, je dirais qu’il est essentiel de revendiquer son caractère idéaliste, car il est à la source de l’engagement et de l’indignation. Mais je réponds également, qu’à défaut de croire vraiment en un changement global, j’adhère à l’idée qu’une aide au développement ciblée, efficace et durable existe bel et bien, et que les améliorations qui lui sont imputables sont réelles.

Car lorsqu’on leur en donne les moyens, les communautés bénéficiaires savent faire preuve d’une responsabilité et d’un investissement qui forcent l’admiration. Ce sont des acteurs de développement et nous devons leur donner l’opportunité d’obtenir la pérennité financière qui leur permettra d’offrir des perspectives d’un avenir prometteur aux enfants à naître. Omoana y parvient grâce à des projets qui se veulent novateurs et proches des réalités locales. Nous sommes convaincus que les clés d’un développement responsable reposent sur la possibilité pour les populations d’accéder à l’indépendance et sur la collaboration avec des organismes locaux qui connaissent le contexte mieux que quiconque.

Seulement, pour que les objectifs fixés puissent être atteints, le concours de très nombreuses personnes a été nécessaire depuis la fondation de l’association. Ainsi, je tiens à remercier les très nombreux donateurs individuels et les bailleurs de fonds. Sans votre confiance et votre générosité, aucun projet n’aurait vu le jour. Un merci particulier à Fribourg Solidaire, car au-delà du soutien financier accordé, les conseils avisés de ces experts de l’aide au développement nous sont précieux. De même, les membres de notre comité de soutien sont des référents essentiels. Notre reconnaissance toute particulière se porte vers Ilsemarie Cottier, Maria Rivas et Bernard Préel ainsi que Jean Genoud, qui offrent sans compter leur expérience et leur disponibilité. En cette année d’anniversaire, les activités des 10 ans ont été mises en place grâce au soutien de nombreux organismes. Merci à eux, et en particulier à Fribourg Solidaire et aux communes de Bulle et de Châtel-St-Denis. La direction des CO de la Tour de Trême et de Bulle ainsi que du Collège du Sud appuient les efforts d’Omoana depuis de très nombreuses années et sont toujours prêtes à nous ouvrir les portes de leur établissement. Merci du fond du cœur de nous offrir ces opportunités. Un merci sincère également à tous les bénévoles qui se mettent à disposition lors des soirées passées et à venir ainsi qu’aux intervenants de la table ronde à suivre. Leur expérience du terrain et leurs connaissances académiques enrichiront la soirée. Et enfin, pour que les dons et la confiance de tant de monde soient utilisés à bon escient, le comité d’Omoana travaille main dans la main avec ses partenaires locaux. Merci à chacun d’entre eux, ici et en Ouganda, d’accorder généreusement de nombreuses heures pour parvenir à coordonner, financer et suivre chacun des projets. Un merci spécial à Florence Savary, Adrien Genoud et à Ruth Lubega, la coordinatrice d’Omoana House qui nous vient tout spécialement d’Ouganda.

10 ans, ce n’est que l’aube d’une vie. Nous espérons que les graines plantées jusqu’ici porteront leurs fruits encore durant des années. N’oublions pas qu’en notre doux pays, chaque citoyen a la possibilité, par l’indignation, l’engagement et la revendication de faire valoir ses opinions. Ces derniers sont d’une importance capitale car ils peuvent influencer les relations Nord-Sud, et ainsi la vie des populations d’ailleurs qui prouvent chaque jour, par leur force et leur implication, à quel point elles souhaitent elles aussi accéder à la dignité.